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Mon Japon à moi
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21 mars 2008

On l'a échappé belle...

"2008 : 150ème anniversaire des relations franco-japonaises".

logo_frEn réalité, il conviendrait de dire : "2008 : 150ème anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises". Car en 1858, les relations commerciales avaient déjà débutées un petit peu auparavant. C'est souvent la même chose : on commence par faire la guerre (ou menacer qu'on va la faire...), puis par gagner un peu d'argent et soigner son portefeuille, et comme on voit que ça peut durer, on officialise des relations diplomatiques pour que ces relations commerciales soient fondées sur un accord politique qui en garantit la stabilité...

Car c'est en 1852 que le commodore Matthew Perry est envoyé au Japon avec pour mission de forcer le Japon et son shōgun Yoshinobu, le dernier des Tokugawa, à renoncer à sa politique d'isolement ou Sakoku qui aura duré plus de 210 ans et d'ouvrir les frontières de son pays au commerce américain. Il y accoste début 1853. Avec des atouts militaires tels que l'autorité japonaise est rapidement convaincue de devoir se plier aux exigences américaines... Et dès l'année suivante, les relations initialement tendues entre ces deux pays commencent à se normaliser, d'abord par la signature d'une première convention dite de Kanagawa, puis d'un traité, lequel débouchera sur la signature de nombreux traités plus ou moins équivalents entre le Japon et quelques pays européens, dont la France, et ce dès 1855. Et c'est donc en 1858, le 9 octobre très précisément, que sera signé le "Traité de paix, d'amitié et de commerce entre la France et le Japon", qui officialise ainsi le début des relations franco-japonaises modernes dont nous fêtons le 150ème anniversaire cette année.

Or, savez-vous que ces 150 années de relations n'ont pas vraiment débuté pour nous sous les meilleurs hospices? En effet, moins de 10 ans après la signature de ce traité, la France de Napoléon III, alors considérée comme l'une des principales puissances militaires européennes, sinon la première, est sollicitée pour envoyer au Japon une mission militaire qui officiellement devra repenser l'arsenal de Yokosuka. Et officieusement moderniser l'armée du Shōgun, qui sent celle-ci décliner par rapport à l'armée impériale qui, de son coté, a reçu le renfort des américains et des anglais... JulesBrunetC'est en 1867 qu'arrive cette mission, commandée par Jules Chanoine, dont l'adjoint est un certain Jules Brunet. Ce dernier est un remarquable militaire, polytechnicien, et à l'époque capitaine d'artillerie. Il remplit avec succès et conviction sa mission d'instructeur des troupes du Shōgun. Mais malheureusement pour lui, le Japon d'alors est en proie à de véritables bouleversements dûs à une redistribution des pouvoirs : ceux du Shōgun s'affaiblissent, tandis que se renforcent ceux de l'empereur. Et bien sûr, les grandes familles seignoriales japonaises se divisent, les unes fidèles au Shōgun, les autres favorables à l'Empereur. Et c'est sous la contrainte des partisans de celui-ci que le dernier des Tokugawa devra finalement restituer le pouvoir suprême à Mutsuhito, plus connu sous le nom d'Empereur Meiji. Mais l'avènement de cette nouvelle ère ne se fait pas, comme on le prétend souvent, de façon complètement pacifiste, et une guerre civile éclate début 1868, une guerre connue sous le nom de "guerre de Boshin".

Jules Brunet est manifestement un homme de conviction et de fidélité; il ne peut abandonner les hommes qu'il a formé. Il est d'autre part plus que possible qu'il ait été fortement influencé par le fait que l'armée impériale a choisi pour se moderniser le savoir-faire de la perfide Albion.... JulesBrunet_UpIl prend alors la décision de rester coûte que coûte du coté de ses "amis", et se retrouve de fait considéré comme déserteur, car entre-temps la France, en tant que nation, observe une position neutre dans ce conflit intérieur japonais. Normal, le Traité de paix de 1858 est toujours en vigueur. Essuyant maintes défaites, Brunet se retrouvera à Hakodate, dans l'île d'Hokkaidō, à la tête d'une poignée de quelques milliers de "résistants" toujours fidèle à l'amiral Enomoto, dernier soutien du Shōgun. C'est alors le tragicomique épisode de la création d'une "République indépendante d'Ezo".  Le_FilmMais le 30 juin 1869, cet ultime barroud d'honneur s'achève lorsque l'empereur Meiji envoie 8000 hommes d'infanterie, devant lesquels les quelque 800 survivants d'une idéologie féodale sont contraints de se rendre. Et tandis qu'Enomoto se mettra au service de l'Empereur, Jules Brunet prendra la fuite et rentrera en France, où il sera condamné puis réhabilité, et où il poursuivra sa brillante carrière militaire. Telle est l'histoire, moins connue que celle de Nathan Algren mais dont il est pourtant le véritable inspirateur, de celui que l'on appelle "Le Dernier Samouraï", incarné par Tom Cruise, dans le film d'Edward Zwick sorti en 2003...
Yes, the last samouraï is french!!

Le Japon, et en particulier l'empereur Mutsuhito, aurait pu nous en vouloir pour cet épisode malheureux, suivi d'une demande d'extradition du "déserteur" que la France refusa... Mais heureusement pour nous, notre pays, en cette seconde motié du XIXème siècle, possédait bien d'autres atouts, notamment en terme de technologie industrielle, et son savoir-faire militaire était toujours autant apprécié. Et quelques années plus tard, les échanges franco-japonais s'intensifient. Des Japonais viennent participer aux Expositions Universelles de Paris pour apprendre à maîtriser les fruits du progrès occidental, tout en permettant au grand public de découvrir une culture et une sensibilité artistique qui a déjà conquis quelques initiés, comme les impressionnistes Renoir ou Van Gogh. Ils contribuent ainsi à développer notamment à Paris ce qu'on appelle le japonisme. Pendant ce temps, un autre Français parviendra à séduire l'empereur nippon et à en être un véritable ami, Louis-Emile Bertin, lui aussi polytechnicien, ingénieur, chercheur, savant, inventeur..., à qui le Japon doit notamment sa puissance maritime et une bonne partie de ses victoires sur la Chine et sur la Russie.

Lui aussi mériterait-il peut-être qu'on lui consacre un film...!


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